Auteur/autrice : Juliette Cortese

  • 42 mars

    42 mars

    C’est une sorte de paradoxe. Des jours à découvrir la ville retroussée, la ville dévalisée. En moi quelque chose chemine qui s’éclaire et prend sens, à mesure que tout dehors se décompose.  De ton profil et de ta peau je ne sais plus ce que j’ai pensé, c’était un frôlement dedans, une prévenance animale. Aujourd’hui…

  • 41 mars

    41 mars

    Dans la ville en apparence il n’y a personne. Les gens se terrent, courent comme ombres sur les murs, rentrent dans les immeubles comme fourmis pressées dans des trous de sable.La ville fait vide. Elle est dépeuplée. Dehors de la ville, là où nous avons rejoint un campement, dans un champ où tiennent encore debout…

  • 39 mars

    39 mars

    Je ne sais pas quoi dire à propos de la relation à propos de mon compagnon à propos de ce qui me lie à lui nous sommes ensemble qu’est-ce que ça veut dire lui moi nous nous déplaçons ensemble dormons ensemble  depuis bientôt deux mois depuis la nuit dans la gare nous  sommes  ensemble il…

  • 38 mars

    38 mars

    Les jours dans la ville sont comme des mesures de la perte de toute signification. Nous essayons avec des images, c’est une grande carapace effondrée, un pré où ne poussent plus que des champignons vénéneux, la chambre d’un enfant en colère, un magasin pillé, une église dévastée et vide, un camping après une tempête, les…

  • 37 mars

    37 mars

    Depuis ce matin nous marchons dans les rues, tout est sens dessus dessous, rien ne peut être nommé, rien n’est clair, il n’y a pas de mots ni même de forme à ce que nous rencontrons, c’est une drôle d’expérience, être devant quelque chose, parfois quelqu’un, et ne pas avoir de langage, même intérieur, pour…

  • 35 mars

    35 mars

    En entrant dans la ville, j’ai pensé que le soleil vaudrait bientôt les dix francs du ciel.  La lumière est de plus en plus basse. Mon compagnon est de moins en moins loquace.  Je me sens seule, mais ce n’est pas désagréable.  C’est préférable à toutes les colères qu’il a fallu éponger. Préférable aux anxiétés…

  • 34 mars

    34 mars

    La journée a été rude. Des heures de roulage à l’arrière d’un camion, sans fenêtre ni rien pour s’asseoir. Je n’ai pas l’habitude de telles conditions. On a essayé de parler un peu de ce qu’on ferait une fois arrivés à la ville, mais avec le bruit de la route roulée, on ne s’entendait presque…

  • 33 mars

    33 mars

    C’était l’heure où les camions s’endorment on partait comme des pauvres sous l’aube à peine couvée. La nuit roulait ses lourds pneus ses vibrations caressaient la route. Tu n’étais pas là dans l’habitacle noir j’étais avec un homme nouveau comme un premier cri une main posée sur une autre. 

  • 32 mars

    32 mars

    Aujourd’hui est le jour où nous sommes partis. Nous avons pris la route le matin, après des adieux pudiques à ceux de la colonie.  Ce voyage est le double d’un autre chemin, qui me met tant en colère. Il y a le voyage d’avant, avec toi, dont les brumes sont toujours obscurément sous la surface…

  • 60 février

    60 février

    J’attends un jour de plus. Je pétris puis je laisse gonfler ma colère.  Elle est venue d’un coup. Très subitement. Comme un verre qui éclate sur le carrelage. La pensée qu’on sera bientôt panier sans verdure, ou champ de coquelicots en cellule. Ce monde n’est pas fait pour la colère. Il la découpe en fines…