91ème parallèle

  • 59 octobre

    59 octobre

    Aujourd’hui autre chose est venu. Je me suis regardé dans la glace, c’était juste un reflet de fenêtre, et j’y ai vu ton visage. Ton regard gris terne comme un mort, Ah mais tu n’es pas un mort, tu es la femme que j’ai aimée, tu es de ma jambe, ta-jambe-ma jambe-ton-visage-mon-visage, on est emmêlées…

  • 58 octobre

    58 octobre

    On avance par train. La campagne : bleuie, goût de ville, avec parfois une amertume sur la fin.  Dans la nuit du train, dans la nuit de la campagne, j’ai vu, enfin mon visage. Une sorte de mon visage, une espèce de ma figure, ou quelque chose comme. Comme l’ombre de mes traits. Changés.  Quelque…

  • 56 octobre

    56 octobre

    Je suis parti dans une zone. J’aime marcher dans cette zone, retrouver les carrelages-peints baroques des brasseries des centres commerciaux, leurs masques et leurs monstres secrets. Un paysage désamianté, sans extraordinaire, seulement des grands panneaux publicitaires, quelque chose qu’on dirait laid, crasseux, mais qui me laisse tranquille rêvassant.  Je suis parti avec la souris. C’est…

  • 55 octobre

    55 octobre

    Alors j’ai pensé demander. Puisqu’on ne voit pas ce que donne un visage qui change. C’est la bredouillerie de l’autre jour qui m’y a fait penser. Quand nos gens s’enmeurent, on serait plus de langage d’un coup, on serait d’abord parlés par les mots, et eux emmêlés se presseraient, s’écraseraient en purée, une vraie bouillie,…

  • 54 octobre

    54 octobre

    En rentrant, je me suis regardé dans la glace et j’ai vu une personne dont on ne saurait dire – les yeux vairons peut-être et le visage taché, on ne saurait dire beaucoup plus.  J’ai compris la question du Sphinx : j’étais devenu inaperçu, j’étais comme une grande affiche pleine d’écriture privée de signe, un…

  • 53 octobre

    53 octobre

    Il est des statues qui vous suivent des yeux.  Je traversais le parc quand le Sphinx m’a demandé : “Qu’as-tu fait de ton visage ?”  C’est vrai, j’ai dit, je sais pas, il est tombé dans quelque chose comme un masque, une fripure de cave, le vêtement du fond d’un carton, peut-être moisi.  J’avais perdu…

  • 52 octobre

    52 octobre

    “Au moins, je serai morte au soleil”. C’est ça la phrase qui m’était dans la tête, au réveil du rêve. Ça me boustinguait drôlement d’être ainsi morte, c’était par conséquent agréable de se réveiller vivante. J’ai ouvert mes yeux de ni l’un ni l’autre et regardé le plafond. La mouche m’attendait calmement. Elle est patiente,…

  • 51 octobre

    51 octobre

    Ensuite j’ai essayé d’expliquer à la femme rousse ce que c’était que les sensations nouvelles. Quand j’essaie d’expliquer, ça tourne vite aux bredouilleries : cette affaire de bredouiller quelque chose, et d’après rentrer bredouille du langage. Mais quand même. Les sensation nouvelles, c’est une bigarrure de moi-même, c’est-à-dire, le sentiment intérieur d’être marbré. Il faut…

  • 50 octobre

    50 octobre

    Tandis que le soleil se couche et nous jette son œil borgne et furieux, je crie, je suis personne. Personne n’a jamais eu ça avant. Je crois pas. Je pense pas avoir entendu quelque chose de ce genre. Les jambes qui deviennent de quelqu’un d’autre, d’abord, puis qui sont les vôtres mais d’un autre genre.…

  • 49 octobre

    49 octobre

    Une oppression comme perpétuité, et destin de temps vide. J’ai continué à parler. Verser. C’était un versoir de langage, un conversoir de moi à moi tout seul avec les oreilles de la femme rousse, de moi tout seul juste sur le point de devenir avec une jambe différente. Pourquoi j’ai dit une jambe alors que…