43 mars

C’est un étrange moment, pour nous qui courons, les villes traversées, de l’eau et du coton lavé par la pluie, et une pagaille sans fin, une étrangeté que je peine à décrire. 

Mes jambes de femme fonctionnent aussi bien qu’avant celles d’homme. Idem pour l’épaule. Je peux marcher des heures. J’ai retrouvé une énergie ancienne. 

Aujourd’hui nous avons vu une deuxième petite ville. Ici il a plu beaucoup d’eau salée. Cette pluie corrode le monde. Tous les éléments non-humains prennent des couleurs changeantes qui paraissent continuer leur évolution : reflets bleutés des verts-de-gris des cuivres, fin cristaux qui font comme une mousse blanche, épaisse et durcie, en surface des objets. On ne peut plus lire ce qui pourtant portait des textes précis, peu de temps avant.