-
46 juillet
Cette nuit j’ai rêvé que j’avais des seins. Un homme, derrière moi, les tenait dans ses mains, les caressait. C’était agréable. C’était peut-être moi, l’homme. Vue d’en haut, la treille est aussi emmêlée que le dedans. C’est-à-dire que mon esprit ni le monde ne produisent spontanément du sens. Quelque chose se produit, mon expérience se…
-
45 juillet
46 juillet. Les failles à l’intérieur, les feuilles mortes aussi.
-
44 juillet
Le cœur gorgé de pluie.
-
43 juillet
Paresse et moiteur de l’air, qui es-tu dedans ton ombre ? C’est la question posée par le feuillage. Je suis dans mon corps, dans mon corps qui se tord, et je suis dans mon ombre. Dans mon ombre, on ne voit pas mes jambes de femme. On les voit, mais on peut les ignorer. Je…
-
42 juillet
Il y a quelque chose de moi qui décide, et quelque chose qui ne décide pas. Ou décide autrement, autre chose. Quelque chose qui est en moi qui n’est pas moi, ou qui n’est pas en moi mais qui vient, s’invite, s’installe, se devient une partie de moi. Quelque chose se devient de moi. Oui.…
-
41 juillet
Le vent a soufflé toute la nuit. On disait c’est le fleuve qui gronde, il voudrait sortir du lit. Autant que le temps qui s’écoule plus sûrement dans un lit, le fleuve tournait des boucles, volutes, circonvolutions, nœuds… pendant que la nuit faisait son chemin de nuit sur nos têtes, nous serrait au plus près…
-
40 juillet
Alors bientôt mes pieds, toujours en bas, prendraient racines et couleurs de sol. C’est ce qui se passe quand on va du mauvais côté. On croit, et puis c’est toujours autre chose. On se démeuble, même les chaises s’en vont. Peut-être que tu étais une chaise. Tu as fait de moi une table. On était…
-
39 juillet
Au petit déjeuner je mange une tranche du monde dans un volet. Ensuite je me rends chez la femme rousse au tailleur blanc. La parole continue, je continue dans la parole, sous le feuillage ça continue de parler. Dans l’autre partie, l’homme au chapeau est toujours là, qui rôde. Je lui étends ses prairies sur…
-
38 juillet
Tout le monde fuit. Chacun essaie de s’échapper de quelque destin, ou d’une toile cirée qui colle à la table. L’homme arrivé par le côté du fleuve, on ne sait pas d’où il fuyait. Les cloches ont sonné, l’épicerie a levé son rideau. Au café on lui a donné une table en terrasse. D’autres sont…
-
37 juillet
C’était long. Ça coulait. La vie s’étrécissait à une certaine vitesse. On pouvait croire à un ennui. Ce n’était que la vie ordinaire de la vallée. L’homme est arrivé par le côté du fleuve. Il serrait dans sa main un chapeau chiffonné. On l’a vu de la fenêtre, ses grands pas d’oiseau.