42 juillet

Il y a quelque chose de moi qui décide, et quelque chose qui ne décide pas. 

Ou décide autrement, autre chose. Quelque chose qui est en moi qui n’est pas moi, ou qui n’est pas en moi mais qui vient, s’invite, s’installe, se devient une partie de moi. 

Quelque chose se devient de moi. Oui. Voilà. Et à la fin, c’est toujours la même, je ne fais pas ce que je décide. Je ne fais pas ce que je veux. 

Mais de quel vouloir ? 

Par exemple  : j’ai beau avoir toutes mes journées, le temps me manque chaque jour.

Ça n’est pas une chose très grave, le temps qui manque, c’est ordinaire. Ou alors si, c’est très grave au contraire, mais comme c’est pour tout le monde, on s’en ordinaire, s’en accommode, s’en adapte et à la fin on meurt d’avoir manqué trop de temps. De la vie finie c’est pareil, ça ne s’écoule plus dans un lit de fleuve ni rivière ni ruisseau, on a beau laver il n’y a plus d’eau, ça ne coule plus, ça sèche et croûte de boue. 

Ça, c’est la-vie-la-mort, pas très grave.

Mais une autre chose plus grave se vient de ce qui se décide sans être moi mais devient de moi : peut-être qu’il y a là une relation de quelque chose de ça avec quelque chose de ta disparition. Et ça, c’est bien plus grave. 

Et quand c’est plus grave, on se tait.