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50 août
Je suis sec. J’ai tout dit. Nous avons cherché partout, dans tous les recoins. Elle n’a plus rien à ajouter. Tu demeures au silence, sans voix. Alors je suis parti, à pied dans les à-côtés, les pendaisons du soleil au ventre. Et rien n’a guéri. La végétation ni le bleu du ciel, tout est resté…
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48 août
Un soleil rouge comme l’automne. Le bleu de la mer louvoie au mauve et nacre les vagues. Le soleil pique on se demande jusqu’à quand. Moi c’est l’énigme de ta disparition qui m’aride. Ce n’est pas une vraie énigme, c’est une question qu’on se raconte. On ne s’ennuie plus si on cherche à savoir. On…
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47 août
Ça fait un moment que j’admire les couleurs et reliefs de l’intérieur, mais on ne peut pas rester tout le temps au dedans. Faut-il s’aimer soi-même ? Dans un coin je reste vert et humide tandis qu’autour tout a séché. C’est une vue de l’esprit bien sûr. Mais que voit l’esprit au juste ? On…
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45 août
Quelqu’un a dit le réel est immense. J’ai retenu ces mots, sans savoir qu’en faire, avec une mélodie plutôt âpre en tête. Ensuite, je suis allé m’allonger chez la femme rousse en tailleur blanc et j’ai parlé de ce que je ne veux pas savoir. De ta disparition, de comment pourquoi tu es partie. Et…
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44 août
Photographier l’astringence du thé. Le beurre fondu qui fige au bord du moule. L’écume de mer arrêtée dans un peu de couchant. J’ai peur de ce qui bouge. J’aimerais l’immobilité complète de tout et pour toujours. Il n’y aurait pas de disparition. Chez moi, quelque chose change. La porte de l’armoire bat moins fort la…
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43 août
Des impatiences d’intérieur, il n’y a plus de place. Des chambres poussiéreuses, plus trace. Je ne sais ce qui se voudrait hors de moi. Un dehors. J’ai un dehors je crois, mais je n’en connais pas la peau. Ce que je ne sais pas c’est ce que je ne veux pas voir au dehors, ce…
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42 août
Escaliers des ombres et pieds de poussière. J’ai oublié mes jambes de femme, elles ne sont plus emprunt ni greffe, ni une transformation opportuniste du bas. Elles sont là, me prolongent le corps, marchent debout et me transportent en bipède ordinaire. C’est une chose au moins, de guérie. Quoiqu’inexpliquée. Je ne me rends pas heureux…
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41 août
Plongeoir de l’automne. Le monde fait sa conversation brouhaha. Des mots humides lancés en l’air retombent à l’avenant. La conversation s’éloigne doucement du quai. Je plonge dans les mots des autres, sans comprendre. C’est une eau salée, une mer. Je suis la plage silencieuse. Je tais ma langue.
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40 août
Il fait chaud encore. Les pieds dans l’ombre et la fatigue à la tête. J’essaie un travail. J’essaie de me. J’essaie. Au final, se fait bien ce qui se fait. C’est le vide de l’été finissant. Une excuse pour les oisifs. Je suis plus oiseau. Je ne sais pas renoncer à la grandeur du ciel.
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39 août
Un Quelqu’un-Tout qui comblerait tout colmaterait les brèches emplirait tous les trous ne laisserait aucune faille pas une fissure aucun vide nulle carence ni rien qui défaille. Chercher partout le Quelqu’un-Tout et ne trouver que des petits morceaux de surface, s’attacher. Se coller attendre. Attendre aux surfaces que quelqu’un vienne Que Quelqu’un-Tout Qu’est-ce qui t’appartient…