Auteur/autrice : Juliette Cortese

  • 55 janvier

    55 janvier

    La route, ô mes cruelles proprioceptions, les sensations difficultueuses. C’est pour ça que depuis longtemps je ne bouge plus de chez moi. Là, je suis dans un car. Il ressemble à un grand insecte, une sorte de cricket, et se meut avec des secousses plus ou moins amorties, des ondulations de reptile.  Je suis dans…

  • 54 janvier

    54 janvier

    Je ne sais pas très bien où je vais. C’est déjà arrivé à d’autres personnes, qui cherchaient leur chemin. Je suis cet homme, sa présence est agréable. Je cherche une histoire, un sens. Quelque chose qui se raconte, qui se dessine, qui se sculpte et qui se partage, une histoire qui se répète et qui…

  • 53 janvier

    53 janvier

    Je suis restée avec cet homme du soir au matin, dans la salle de gare. Nous partirons bientôt. J’aime cette odeur de voyage qu’ont les gares, j’aime que la température change au cours de la nuit. Bizarrement, pour quelqu’un qui ne change pas ses habitudes, je m’accoutume très facilement au déplacement constant de l’environnement. Lumières…

  • 52 janvier

    52 janvier

    Après ces jours de marche, j’ai rejoint un nœud de transports. Quand s’ouvrent les portes coulissantes vitrées, dans la vaste salle, un homme de grande taille aux cheveux longs et blonds vient à ma rencontre. Il me demande si j’ai marché plusieurs jours depuis un vallon perdu, là-bas. Son doigt pointe vers la ville de…

  • 51 janvier

    51 janvier

    Deux jours que je dors en marchant. Rien de chez moi ne me manque, ni la porte de l’armoire qui bat, ni la mouche du plafond, ni la lampe. La souris a son nid dans ma poche. Deux jours à dormir en marchant, ce n’est pas du repos. Cela me donne des vertiges et des…

  • 49 janvier

    49 janvier

    Pour vivre pas de truc, seulement attendre la fin du jour, comme font les araignées. J’attends au pied d’un arbre et je pense à la femme rousse au tailleur blanc. Je pense à ce que je dirais si elle m’écoutait, à la texture lisse et pleine de son silence. Un silence précieux qui m’accompagne hors…

  • 48 janvier

    48 janvier

    Quand on décolonisera les astres les arroser d’eau douce et sans vague les prendre en mains doucement comme des enfants-chats les jeter dans le ciel comme la paille du nid il s’envolent avec des ailes de papillon de nuit

  • 47 janvier

    47 janvier

    La mer était seule et vaste au bord d’elle  on ne comprenait pas bien ce que c’était un mouvement comme ceux qu’on connaît en soi ressac de sable gâchis de sel mousse à reflets et mes pieds au bord de la vague au bord de la mort  de la vague égarés  mouillés

  • 46 janvier

    46 janvier

    Villes hirsutes, temps traces et des lumières sociales qui retournent les corps. Je suis parti, j’ai quitté la ville, j’ai pris un chemin, dans la direction du vieux soleil presque mort. Un chemin montant. Abrupt. Au bout de vingt-minutes, à mes pieds, la ville avait des reliefs très doux, comme sur les images inventées par…

  • 45 janvier

    45 janvier

    Les choses ont des ombres et moi du travail, nous faisons ensemble, sans nous embrouiller presque, et le froid dehors mord. La musique de Bach résonne comme un silence de tête. L’harmonie qui s’oublie, disparaît, toujours là, insistante. L’invention s’efface, la fugue s’enfuit, le prélude s’éteint ; tombe la sinfonia, pleure un concerto, au pied…