Auteur/autrice : Juliette Cortese

  • 54 mai

    54 mai

    Parfois sur le chemin tu croises l’intérieur de ton crâne. C’est une sorte de toile d’araignée. Ça chauffe. Ça chauffe de plus en plus. Et le ciel reste gris, même celui qui passe derrière les nuages. Plus rien n’est bleu, finalement.

  • 53 mai

    53 mai

    On ne sait pas ce qu’ils feront quand ils seront devenus adultes, parce qu’on ne sait pas comment sera devenue l’époque, quand ils auront perdu leurs tentacules et leurs voix de mouettes. On peut penser à l’époque. Elle est déjà sombre ici. Si on se déplace sur une carte du temps, on voit, par endroit,…

  • 52 mai

    52 mai

    Le monde a deux vitesses. La vitesse des nuages et la vitesse des ciels derrière. La vitesse des pauvres et celles des riches. Les énergies sombres qui viennent de la terre et du caillou, celles qui viennent des mouvements de l’eau, de l’air, du ciel et du soleil. On ne peut pas marcher sous la…

  • 51 mai

    51 mai

    Je ne suis pas resté sur le banc. Je suis entré. Chez la femme rousse, elle est âgée, il y a un jardin. Sous le feuillage, la colère mal dissimulée, et la sombre époque. Je suis allongé sur le sol. Je regarde les feuilles par en dessous.  C’est la sombre époque.  Je ne sais plus…

  • 50 mai

    50 mai

    Je prépare encore la valise. C’est comme un déménagement. Ça désorganise dans la tête. Je ne sais pas ce qu’il faut. Je fais comme si je partais en voyage quelques jours, ou vivre ailleurs.  Je déplace les choses. Je suis plein d’inattention.  Quelque chose se dessine. Quelque chose qui bouge.  Déménage dans ta propre maison,…

  • 49 mai

    49 mai

    Aujourd’hui je suis parti avec la valise. On ne sait jamais ce que la journée réserve.  Sous la chaleur et les bons auspices de nos déchets, l’herbe sèche. La ville bruisse comme un papier froissé. Le ciel ressemble à un père orang-outang. Une pie me jette des regards troubles. J’ai envie d’être un gorille qui…

  • 48 mai

    48 mai

    Je suis sorti. Il faisait chaud. Dans la rue des lézards chuchotaient, derrière les volets, des rumeurs de pénombres.  Je suis parti à pied. J’ai coupé par la cathédrale, je suis revenu sur mes pas, j’ai tourné, et tourné. J’essayais de griffonner, en marchant, un parcours illisible dans la vieille ville.  Vu du dessus, l’espoir…

  • 47 mai

    47 mai

    Je suis tombé nez à nez avec le lézard mort sur la route. Il est rongé par des fourmis. Il faut vous enivrer sans trêve, disait-il. Il a vécu en pacha. Dodu comme un petit cochon. Maintenant il cuve sa meilleure vie dans la pourriture de sa chair.  C’est comme ça, l’existence.

  • 46 mai

    46 mai

    Les souris se taisent et depuis qu’il fait chaud, la porte de l’armoire reste fermée. Cette nuit j’ai décidé de retourner devant le numéro 9. Retrouver la femme rousse au tailleur blanc. Je sais qu’elle sait. Au moins quelque chose. Je ne sais pas quoi. C’est  ce que je veux savoir. Sur le chemin, la…

  • 45 mai

    45 mai

    Le temps du demi-monde est mouillé. C’est un temps glissant, qui s’écoule avec des lames d’eau suivies d’éclaircies pleines d’humidité brûlante. Nos herbes nos journées nos vies.  Le demi-monde change plus vite que la face de la Lune. On ne s’en rend pas compte. Mais le temps change, c’est un nouveau climat, avec une tonalité…