91ème parallèle

  • 35 février

    35 février

    Mon compagnon a bien voulu m’expliquer ce qu’il en est de sa transformation. Il m’a récité tout le jour les contes de ses ancêtres, qui sont comme des prières païennes. Il est issu d’une lignée d’hommes-oiseaux des pays de pluie. Une nuit tous les trois mois, à peu près, au passage d’une Lune de Jupiter,…

  • 34 février

    34 février

    À l’aube, je me suis réveillée à côté de mon compagnon, qui n’avait plus du tout l’allure d’un vautour.  En franchissant l’ouverture de la tente, j’ai marché sur un cercle de plumes et de duvets étalés sur le sol. J’ai senti le trou à l’intérieur de moi s’agrandir.  Ensuite, je ne me souviens plus de…

  • 33 février

    33 février

    Je dormais depuis plusieurs heures quand j’ai entendu le ciel s’ouvrir. J’ai sorti ma tête de la tente où on m’avait préparé un lit. Dehors, j’ai cru voir mon compagnon, perché comme un vautour sur une branche, conversant avec un autre homme oiseau.  Quelque chose a bougé à l’intérieur de moi, comme un trou qui…

  • 32 février

    32 février

    Il faudra bien que je revienne dans l’histoire. Que je reprenne son fil. Le départ n’est pas une fuite, c’est un morceau de l’histoire.  Je marche sur mes jambes de femme, je porte mon sac avec mes épaules de femme. Les gens me regardent comme une femme, sans étrangeté.  Le soir nous étions arrivés au…

  • 31 février

    31 février

    Il y a là au bord un désastre imminent. Au bord de la faille, une chute presque entamée, mais je ne tombe pas.  Nous marchons. Mon compagnon me tient la main, il parle mais je n’entends pas, c’est comme un rêve ou un saut en parachute. Lorsque je reviens dans la conversation, j’entends, regarde une…

  • 30 février

    30 février

    Je ne sais pascombien de tempsmon front est restécontre la vitre.En lisière de nos étonnementsla date s’écrivait sur les mursles énigmes poursuivaient leurs routeset la lumièrenous aussije voyage

  • 59 janvier

    59 janvier

    Quelque chose au bord de la route a pris feu. Notre véhicule (grand, abondant) s’est arrêté, un bouchon s’est formé. D’ici, on ne voit pas très bien de quoi il s’agit. Mais c’est un peu effrayant, ça joue avec mon sentiment de sécurité dans le voyage. Et mon compagnon s’est endormi.  Pour me distraire, j’observe…

  • 58 janvier

    58 janvier

    Tu touches le ciel, les lèvres de l’arbre, le grand visage étale de la campagne. Dans le ciel quelque chose bleuit. C’est l’ombre d’un nuage plus noir que les autres. Un enfant nuage, plein de colère et d’outrancière tristesse. Ses cris sont insupportables pour les adultes. C’est toujours comme ça.  Je me souviens de toi…

  • 57 janvier

    57 janvier

    Je ne sais pas de quoi je me souviens. Le roulis d’un train en rappelle un autre. Par la fenêtre on voyait des joncs ployer sous le vent, et dans le ciel apparaître ton museau d’humain. J’étais dans ta chaleur, je regardais ton front, grand, épanoui. Beau.  Aujourd’hui la personne devant moi montre son front,…

  • 56 janvier

    56 janvier

    Il n’a pas de nom, me dit que jamais personne ne le lui a demandé. Et pourtant je le regarde, il est vivant. Ne parle que pour conter. Nul ne sait d’où il vient, mais moi je le sais. De la ville là-bas, comme moi, au moins dans les derniers jours. Pas d’autre savoir à…