Auteur/autrice : Juliette Cortese

  • 35 avril

    35 avril

    On continuait les tâches qui faisaient vivre la communauté. Trouver à manger, cuisiner comme on pouvait, servir des repas collectifs, pendant que d’autres entretenaient les locaux, se chargeaient d’améliorer le mobilier, s’occupaient des enfants… ce n’était pas mauvais, comme vie. Il fallait seulement se focaliser sur le présent, ne pas penser au futur, à part…

  • 33 avril

    33 avril

    La fin c’était tellement simple, il fallait juste un point de fuite, une astringence de l’âme, aucune amertume. Être avec les autres, en cercle, autour des tables parler, rire, ça rappelait à chacun de nous sa vie d’avant, les familles, les groupes d’enfants, les adolescences. Les humains auront fait ça toutes leurs vies durant, identiquement,…

  • 32 avril

    32 avril

    Il y a un an tout juste la chaleur déjà nous pinçait les narines, tu n’étais pas disparue et j’imaginais une vie sans toi invivable. Pourtant rien ne laissait s’attendre à ton absence. Aujourd’hui qu’approche la date, parce que nous entrons dans son mois, je ne sais plus ce que je crains, de l’anniversaire de…

  • 31 avril

    31 avril

    Je ne sais pas ce qui conditionne le vivant. Nul ne sait. J’éprouve une colère inexpugnable à voir le monde se défaire. Quelque chose qui meurt Ne peut pas se dire Trop d’injuste dans le temps Et des moisissures de réel Nous serions deux tout de même. On serait ombres portées, cercles ou motif, de…

  • 61 mars

    61 mars

    Tout va terminer bientôt. Je le sens.  Le voyage m’a changée. Mes jambes m’ont changée. La lumière descend. Mon compagnon parle moins. Je pense toujours à toi.  Maintenant une ligne de ta main traverse ma tête et tes empreintes ont quitté la pulpe de mes doigts.

  • 60 mars

    60 mars

    Être sur un mur, être derrière une fleur, une barrière, et s’écouler lentement dans ses propres pensées. Être une petite eau lente, avec des reflets de ciel sur soi, de la translucidité, des images d’algues en transparence, de la fierté.  Être un morceau de la ville dévastée, un fragment de béton armé fracturé par la…

  • 58 mars

    58 mars

    Ce qui persiste persiste, résiste peut-être à la moisissure du temps qui passe. Dans ma tête il y a des vieilles charcuteries : saucisson, salpêtre, des viandes odorantes et chaudes. Bientôt nous repartons. Mon compagnon a dit qu’il faudrait, pour aller vers la mer, passer par la laine.

  • 57 mars

    57 mars

    Le sombre portait aux ombres, affaiblissait leur part de lumière, bernait les joies, obscurcissait la moindre rêverie.  Quelque chose semblait s’étaler partout, un pinceau gris qui laissait derrière lui les villes défaites, les couleurs perdues, partout des atomes de lumière éteinte. Un badigeon noir sur toutes les perspectives. Avec la lumière rasante des journées, on…

  • 56 mars

    56 mars

    L’arrivée des choses troubles n’était précédée d’aucune annonce. Nulle prémonition pour les soupirs.  Le ciel était coloré du même jaune sale et poudreux que d’habitude. L’air poissait, dégoulinait jusqu’au sol en râlant.  Les arbres tendaient leurs branches vers le haut comme pour croire au printemps, sans verdir tout à fait, ni retrouver foi dans le…

  • 55 mars

    55 mars

    On regardait s’écrouler les sociétés, comme de vieux immeubles décatis. Quand ça tombait, on ne se demandait pas pourquoi. On s’étonnait que ça ait tenu jusque là, malgré la désaffection. Dans ces jours où on assistait à une chute générale qui ressemblait à l’extinction du monde, on trouva sur le sol une chose molle et…