91ème parallèle

  • 54 mars

    54 mars

    Depuis quelques jours nous sommes dans la cinquième ville. C’est Nora qui nous a convié à rester. Elle et son groupe vivent dans un immeuble où les espaces sont partagés. Il y a des appartements réservés au sommeil, dans les étages supérieurs. Les appartements du bas sont utilisés pour stocker de la nourriture et cuisiner,…

  • 52 mars

    52 mars

    L’histoire écrite est ce temps blanc qui nous rapproche et nous éloigne du monde, à grands battements irréguliers. Je ne sais pas si ce que j’écris dans le journal constitue une histoire, ou seulement la trace ineffaçable de la période que nous vivons. Je ne sais pas comment ça va finir. Il s’est passé en…

  • 51 mars

    51 mars

    On est arrivés dans une petite ville. C’était déjà la cinquième. Nora est venue au devant de nous. Elle portait une jupe simple et rose. Elle nous a parlé du temps qu’il faisait, de la chaleur changeante, de l’humidité qui vaquait, des intempéries atroces qu’ils avaient vécues.  Soudain c’était des paroles, et pourtant c’était des…

  • 50 mars

    50 mars

    Ça jongle avec la lumière Ça se dissout Ça couleLe paysage couleLe paysage se dissout Jongle avec la lumière Ça sautille Ça pulse On ne sait pas ce qui est quoi D’ailleurs Le paysage au mur, c’est l’ombre ou ça caverne ?

  • 49 mars

    49 mars

    J’ai dormi sous les plumes d’un aigle un angle sans contours un mur carré qui repose Il n’y a pas plus d’oiseaux  que de genres humains On bûche on bûche  on trime avec soi toute une vie et à la fin quand on a trouvé quelque chose  de pas trop mal  quand on pense avoir…

  • 48 mars

    48 mars

    Je ne me suis pas appelée ; on l’a fait pour moi. On m’a appelée soudain d’un prénom qui faisait de moi quelqu’un de nouveau. Quelqu’un qui n’est pas un homme. Qui n’est pas une femme.  Pas un homme devenu  avec  des jambes de femme.  Non, on m’a appelée et je suis devenue avec un…

  • 46 mars

    46 mars

    La nuit on est des bêtes sans visage seules les ombres pour nous donner des figures. La vie bleuit, la lumière bleuit et moi j’aime  je crois aimer un homme. Ce n’est pas si simple  quand on n’a pas toujours eu des jambes de femme.  C’est quoi être ensemble c’est vrai c’est quoi on n’est…

  • 45 mars

    45 mars

    L’humain est constitué d’une peau  et d’une intrigue le non-humain de choses inertes  qui bougent  lentement se défont  évoluent s’écroulent  bleuissent  selon le temps qu’il fait selon le sel qu’il fait. Et le matin me guette son œil à peine narquois.

  • 44 mars

    44 mars

    Le monde des non-humains est en mouvement. Une évolution perpétuelle due à l’atmosphère : le chaud l’humide le salé. Les objets se transforment imperceptiblement pendant que nous les regardons. C’est leur façon de vivre. Discrètement, sous nos yeux.  La couche blanche bleutée, une neige durcie, composée de cristaux de sel qui s’accumulent, se déplacent, s’échafaudent…

  • 43 mars

    43 mars

    C’est un étrange moment, pour nous qui courons, les villes traversées, de l’eau et du coton lavé par la pluie, et une pagaille sans fin, une étrangeté que je peine à décrire.  Mes jambes de femme fonctionnent aussi bien qu’avant celles d’homme. Idem pour l’épaule. Je peux marcher des heures. J’ai retrouvé une énergie ancienne. …