91ème parallèle

  • 52 septembre

    52 septembre

    J’étais toujours à terre. Que ce soit pour une chute, ou regarder le ciel.  J’avais en tête des choses tristes, venues de l’histoire, de ma mémoire et de mon cœur.  Est-ce qu’on a besoin d’être réconforté quand on est tombé ? Ou relevé seulement ?  Les verts du jardin m’ont embrassé le cœur, et la…

  • 51 septembre

    51 septembre

    Par époque le bruit du monde faisait peur aux gens. On était tous touchés, immobiles, attendant des dénouements sans issue. Des enfants un peu vieux gardaient les yeux grands ouverts, sans dire s’ils tombaient malades ou seulement traversaient cela réfugiés dans une cachette intérieure. On s’occupait de soi, on s’occupait à tenir bon, à ne…

  • 50 septembre

    50 septembre

    Au matin quelque chose était tombé par terre. Je ne sais si c’était moi, si c’était mes yeux, l’automne, une feuille. Je regardais le monde allongé, je ne pouvais plus bouger, j’essayais sans succès de porter mes jambes de femme, de mouvoir mes bras, de me tourner pour me relever. Le monde avait eu raison…

  • 49 septembre

    49 septembre

    Je suis retourné sous le feuillage clair de la femme au tailleur. Quelque chose se passe. Des souvenirs reviennent. Des moments reviennent. Ce sont des souvenirs. Des moments dont je me souviens comme je m’en souviens, sans savoir vraiment, ce que j’ai vécu. Tu étais là tu disais Comment vieilliront nos hivers, nos hachoirs, nos…

  • 48 septembre

    48 septembre

    Je voulais faire un récit, quelque chose qui parle et signifie, du langage qui prenne la forme d’un paysage cohérent, réel. Un texte qui poserait les colères, les murs, les histoires déroutées qui percent nos plafonds, des cercles qu’on ne sait pas.  Un collier de trous noirs sur un fil de clarté terrienne.

  • 47 septembre

    47 septembre

    Au matin une petite australie s’est dessinée dans le pare-brise de ta tête, et ce n’était pas de l’ombre, ni du ciel noir. Seulement une sorte de peinture peureuse des endroits que tu aimais. Vues du ciel, les étendues dessinent des motifs pour des tissus, des vêtements, des toiles. Tu t’habillais comme ça, avec rien…

  • 46 septembre

    46 septembre

    Je dessinerai ton corps de violoncelle, ton visage double, tes nez et tes yeux en mélange, j’oublierai la perspective et j’hésiterai sur la couleur, je dessinerai les bleus au ventre et les découragements du jour, les pensées labiles, les àquoibonnements du ciel gris.  Je prends tout mon désir de peindre et je le consacre à…

  • 45 septembre

    45 septembre

    Les pierres ne sont pas seulement des pierres, même petites comme toi. Les pierres sont des petites humanités disparues qui vibrent au rythme des étoiles. Elles s’étalent dans la nuit sale, une matière dure et qui gronde. Sur leurs petits dos nus poussent des plaques osseuses, et nous les voyons, en rêve, courir en minuscules…

  • 44 septembre

    44 septembre

    Reflets d’évidence dans la surface obscure, du vivant qui boîte. Je ne reconnais pas les visages. Quelque chose se sait qui ne m’appartient pas, et jamais on n’éclaire toute la tache rouge, toute la lumière aux prisons de l’opacité, tout le noir brûlant des paupières.  Je mange quelque chose qui ressemble à du printemps, le…

  • 43 septembre

    43 septembre

    Avec les nouvelles tueries du jour, le matin dans ta tête creusait son trou, à la cuillère. On aurait préféré ne pas savoir, mais il était devenu impossible de se soustraire, les informations nous assiègeaient, les récits toujours plus écoeurants, frappants et plus vides de sens qu’un sabot qui résonne, suspendu à un arbre, dans…