Je perds mes mots. Ils me transpercent, ressortent, et couverts de mon sang s’en vont, tombent dans les eaux lourdes de ma mémoire.
Je t’aimais comme on aime enfant, en criant, en courant, en se tordant les genoux dans les cailloux. Je t’aimais comme on reste collé, par la hanche ou par l’épaule. Je t’aimais comme on ne veut pas quitter son parent le matin pour l’école, avec des sanglots mûrs.
L’enfance à petit s’en allait, laissait derrière elle un murmure, une voix effacée. Ma parole se perdait avec mes souvenirs dans des étangs saumâtres, où nageaient des poissons à ventres.
J’étais immergé dans ma flaque, le cœur secoué de nausées d’amour sans pouvoir, et je ne sortais pas de là. Je te voyais de l’autre côté de la surface, comme le propre reflet de toi en moi. Et rien de vrai.
Des choses meurent, et toujours la lumière tombe à la fin.
4 réponses à “61 juillet”
on dirait un texte écrit après une lourde perte
cette chose qui manque, insolvable…
très beau
Oui, Françoise, je crois que cette fiction tourne autour de la perte et de l’absence. Merci pour ta lecture attentive !
C’est tres beau, Juliette. À tatons ce reel qui échappent dans ces textes et s’imbibent de fantastique. J’aime beaucoup. Écrire comme on aime enfant…
Merci Anne ! C’est précieux ton soutien, pour continuer.