91ème parallèle

  • 45 juin

    45 juin

    L’été pesait, on était noirs et moites et chauffés à blanc.  L’été pesait, ses lourdes épaules appuyaient nos sommeils. On siestait sans fin derrière des persiennes, pour les rayons découpés.  L’été pesait, sans orage ni crevaison de nuage. Tous autant humains qu’électriques, on ployait sous la langueur bleue du ciel.

  • 44 juin

    44 juin

    J’ai des problèmes de fenêtres dans la tête. Je bricole les ouvertures pour ne pas laisser passer la lumière. Chaque jour une autre fenêtre, une ombre nouvelle. Chaque entrebaillement est une fêlure, chaque rai de lumière une blessure acide. Chaque feu de poussière suspendue brûle de ton absence.  Parfois ça claque, comme les portes de…

  • 43 juin

    43 juin

    A l’ombre jouer de la lumière.  Mes jambes de femme me font une nouvelle envie de courir. On ne fait pas de transformation sans peine, sans des douleurs souffrantes et d’autres étonnements. Je n’ai pas choisi. Je pense maintenant que ce sont tes jambes – parce que je t’ai aimée – qui me sont arrivées…

  • 42 juin

    42 juin

    Dans mon ventre une forêt. Dans ma tête des espaces où fuir. 

  • 41 juin

    41 juin

    Soleil au pays natal. Le paradis des ombres : elles croissent sans entraves et jouissent dans la lumière, plus découpée qu’ailleurs. Je suis revenu. On ne peut pas savoir ce qui se passe en dehors de nous. On ne peut pas savoir ce qui se passe quand on n’y est pas. On peut seulement regarder,…

  • 40 juin

    40 juin

    J’ai rêvé que je ramassais des citrons poussés dans la terre poussiéreuse. Leur peau vernie couverte de poudre brune. Même en rêve, je n’ai rien fait comme il aurait fallu. Je n’avais pas d’odeur.  Pourtant tout s’adoucit. Ce qui m’étouffait hier me réconforte aujourd’hui. C’est la joie bleue de ce qui rate.  J’ai revu l’homme-panda,…

  • 39 juin

    39 juin

    Je marche au ralenti pendant que mon cœur bat vite. La forêt murmure, des lianes gluantes s’échappent en volutes de sa bouche immense. Je marche au ralenti dans l’immobile agitation des ombres. Un lémurien aux yeux francs passe en sautant, ses bonds alignés sur mon rythme cardiaque.  Je marche au ralenti, c’est tropical. Des feuilles…

  • 38 juin

    38 juin

    J’ai mal dans le corps. Le désamour de soi me tord partout dedans.  Je marche sur mes jambes de femme. Je m’entrave dans l’épaisseur de mes cuisses. Je cultive l’émoi comme je peux, rêvant d’une amourette et ressassant le vieillissement du corps, ses corruptions. Je me prends d’une passion lasse pour les ombres. Tout ce…

  • 36 juin

    36 juin

    J’ai un désir de haute voix. Ce qui se rumine des torsions intérieures demande à venir au jour de la parole.  La culpabilité me dévore comme une souris, je regarde mes jambes de femme et je pense à toi disparue.  Est-ce qu’on s’est rués dans l’ancienne gare en souvenir de la bête humaine ? Demande…

  • 35 juin

    35 juin

    Je veux rejoindre mon lit, pense le pied. Moi aussi, pense le hors-champ. Tu vas t’habituer, dit la souris. Ne sors pas tout de suite de la chambre, murmure l’armoire. Bousculez vos organes sans trop de prévenance, criaille le lézard revenu.  Qu’est-ce qui est chose d’homme, qu’est-ce qui est chose de femme ? a conclu…