91ème parallèle

  • 55 juin

    55 juin

    Reflets du ciel dans les impatiences de l’époque, j’ai fait un rêve : j’avais un ventre de femme enceinte, je le regardais, il dissimulait mon sexe, et je ne savais plus, quel était le sexe caché sous le ventre. Quel était mon sexe. Quelle importance après tout, aurait dit ma mère. Non.

  • 54 juin

    54 juin

    Au pays natal la route sinue au macadam couturé, pendant que les gentianes dansent dans les prés et me font signe que je suis toujours un enfant du pays.  Transformer les ombres en amies n’est pas nécessaire. L’air se charge de nos chaleurs.

  • 53 juin

    53 juin

    Sous le feuillage, j’y vais parler tous les trois jours. L’été estropié nous oblige à rester sur la terrasse, dans le silence des ombres. Ce n’est pas grave. Ça laisse le temps d’une couvaison. Au courant du langage on est quand même abrité de la vraie chaleur. 

  • 52 juin

    52 juin

    Ça couve. Il faut le temps pour éclairer. De l’été, tu ne sortirais pas des ombres. Peut-être en automne nous saurons quelque chose. Une autre traduction de l’histoire.  Pour l’instant nous marchons, la femme rousse et moi, à tâtons. C’est moi qui parle. Elle me suit en silence dans le chemin de mots. 

  • 51 juin

    51 juin

    Je retournais chez la femme rousse. Sous son feuillage, mes mots.  Je racontais ton histoire, la mienne. Notre aventure dans ma bouche trouvait une étrange issue.  Je ne peux pas dire plus pour l’instant. C’est planète inconnue, l’énigme irrésolue des confins, et je ne peux tout savoir.

  • 50 juin

    50 juin

    La campagne était toute transformée, il ne restait que la couleur, et encore. Le rideau vert des arbres prenait par l’arrière des teintes jaunâtres, invisibles ou à peine. L’ancien ruisseau, clinquant et bleu de ses éclats de soleil, avait tourné couleur flaque, le fond marron, les algues moussues en surface.  On avait envie de dire…

  • 49 juin

    49 juin

    L’histoire, nous, ça faisait des accumulations de langage qui ne se traduisaient plus. Caniculus, caniculus, les pavés sont aussi des fenêtres. J’aimerais bien m’occuper du monde, mais je ne sais par où commencer.  Il faudrait réparer.  À chaque fois que je remonte mes manches, je suis pris d’un étourdissement, je tombe, je me retrouve assis…

  • 48 juin

    48 juin

    J’ai voyagé, revoir ma famille m’avait rendu triste, le présent battait de l’aile et je ne parvenais plus à vivre, à saisir les instants, à m’y accrocher. J’étais souvent dehors de moi, dispersé, une vapeur et parfois quelqu’un me disait ouhou, tu m’entends ?  C’est comme un bateau qu’on n’arrive pas à prendre. La conversation…

  • 47 juin

    47 juin

    J’ai remarqué que les gens commencent à vieillir par la nuque. Ils se tiennent ainsi, continuent à lever le regard, conserver une dignité droite tandis que déjà le corps s’affaisse, qu’une bosse se forme en haut du dos ; et ça crée un pli rouge, une ride de nuque, qui indique mieux que personne l’âge…

  • 46 juin

    46 juin

    Un trou dans ta mémoire.