48 juin

J’ai voyagé, revoir ma famille m’avait rendu triste, le présent battait de l’aile et je ne parvenais plus à vivre, à saisir les instants, à m’y accrocher. J’étais souvent dehors de moi, dispersé, une vapeur et parfois quelqu’un me disait ouhou, tu m’entends ? 

C’est comme un bateau qu’on n’arrive pas à prendre. La conversation s’éloigne doucement du quai, vous marchez encore un peu au bord, évitant les bornes d’amarrage et regardant au loin, les gens sur le bateau qui s’éloigne, et vous entendez de moins en moins ce qui se raconte. Tout effort pour rejoindre est vain, vous n’y êtes plus.

Flou, canicule, paresse. Bien des fois j’ai laissé les bateaux partir.

L’histoire, nous, ça faisait des accumulations de langage qui ne se traduisaient plus.