91ème parallèle

  • 47 novembre

    47 novembre

    La boue. La boue des familles ne se laisse pas facilement sculpter. Pas plus que la boue du monde. Pas plus que le soleil en boule. Le soleil en boule de boue du monde, la terre grasse des familles. La terre humide des familles. Là où pousse le venin, la clairvoyance du venin. Le rayon…

  • 46 novembre

    46 novembre

    La maison. Sa carapace pour nos dos.  La maison, la mère, la préservation. La disparition des sauvegardes.  La conservation vaguement altérée. Les bocaux périmés. La cave. La souris.  La conversation avec la souris. L’ombre, la pénombre, le jour.  Le jour du silence. Le jour de la parole.  Un rayon un peu trop aigu.  Un soleil…

  • 44 novembre

    44 novembre

    C’était juste avant le jour, la pluie froide du matin donnait au sol un air inquiétant, lynchien. Sous la rue la terre pétrissait des eaux sombres, avec un bruit de langues lapait la boue ancestrale des familles, j’ai cherché dans la rue le socle du monde, il appuyait les corps morts disparus des anciens combattants. 

  • 43 novembre

    43 novembre

    J’ai regardé passer les heures, elles ne faisaient vraiment que passer. Comme moi le temps.  A force de vouloir de norme, à force de batailles contre la bizarrerie, à force de trop de sagesse d’enfant pour désobéir à l’étrange, à force d’espoir de maisons témoins, à force de rêves fébriles d’ordinaire et d’horaires de bureau,…

  • 42 novembre

    42 novembre

    Cantique du soulagement : la grande délivrance, son immense consolation, méritent leur petite prière d’hiver, un peu gelée, qui se réchauffe au coin du feu. J’ai mal toujours mais quelque chose de lourd s’est ôté de moi. Comme si je m’étais lavé de langue, j’aurais abrasé mes douleurs à grandes eaux de mots, et depuis…

  • 41 novembre

    41 novembre

    41 novembre. Quant aux étoiles, rien n’était jamais clair ; elles avaient, comme les morts, des maigres préoccupations.

  • 40 novembre

    40 novembre

    C’était le temps des fins d’années, des couverts nombreux, de l’odeur de fumée, des flammes derrière les vitres et des fenêtres ouvertes au froid, des rayons rasant le soir qui nous brûlaient les yeux, un temps à battre la campagne à la recherche d’un rayon tombé, d’une branche sans feuille, d’une silhouette de graminée dans…

  • 39 novembre

    39 novembre

    Ce qu’il fallait de religion pour qu’on accepte de ne plus souffrir, pour qu’on dise oui c’est fini, bien fini, sans redevance à nos rages anciennes, sans résignation pour les humanités. Ce qu’il fallait de pensées échangées les soirs de deuil pour accepter que le monde devienne, et de feu en feu on irait accoucher…

  • 38 novembre

    38 novembre

    C’était le temps des fêtes, des familles, des autours de table parlant langues de frères et de sœurs, mots de mères, de pères multipliés, ce temps crevé d’excès, de brûlures de cendres déposées sur nos mains. Là où le feu de la parole nous réchauffe nous brûle nous cuit, nous devenons tendres.

  • 37 novembre

    37 novembre

    Ce qu’il fallait de mutations de changements, de transformations frustes, de chambardements, de digestions, métamorphoses des dociles, rénovation des obsédés du moteur, variations à pédales, transmutation d’une énergie sur une autre, freins, roues, creusement d’anciennes charettes, routes devenues boulevards, promenades avenues, charpentes désossées des grands hangars, et l’odeur du métro, l’odeur soudaine du métro, la…