C’est l’après-midi, je me perds dans les personnages secondaires de mon enfance, leurs traits saillants resurgis de nulle part : les joues violacées du gros marchand de vin alsacien qui faisait des blagues salaces à ma mère ; la voix rauque et autoritaire de Bernadette qui venait chez ma grand-mère avec son pull rêche et son parler rapide et rude ; le regard perçant, plein de sous-entendus, de la mère Olivier qui louait à mon père un appartement au rez-de-chaussée de sa maison ; les souvenirs tous plus dérangeants, la brutalité toujours au coude à coude avec le scabreux.
De toute façon le monde n’a jamais été droit.