On marchait. On s’étonnait de presque rien. On suivait le sentier dans la nuit pleine, on avait nos yeux qui brillaient de lumière de lune. On parlait. On mangeait un peu d’air au passage en parlant, qui s’engouffrait dans nos bouches. On avait chacun ses jambes. On marchait chacun avec ses jambes. On tenait ses chevilles dans le sentier aux pierres qui roulent. On n’avait pas besoin de se le dire. On marchait simples. On faisait les gestes tendres, on accrochait les mains dans le bas des dos, le dessus des fesses, la taille, les hanches de pantalon. On marchait. On se tenait côte-à-côte et côte-à-côte on avançait en tenant parfois une épaule, un moment. On cheminait sur les cailloux et la terre rouge du chemin qu’on ne voyait pas parce que la nuit. Parce qu’on n’avait plus de manèges ni de nuits très profondes, on espérait un renouveau, et les lumières en attendant.