61 mai

J’allume la radio. On dit que le temps n’a pas de lit. Peut-être pas de lit. On dit que le ciel ne sera plus jamais bleu. Peut-être plus jamais bleu.

Quel est le lit du temps ? Si le temps n’a pas de lit, il s’écoule. Seul ? Sans témoins ? Sans immobilité ni repère. Rien personne, pour témoigner du temps. 

Le ciel plus jamais bleu. De quoi témoigne-t-il ? 

Où est le lit du temps ? Quelles berges sauvages et vides pour le border, le conduire ? Couler au milieu de rien, est-ce encore couler ?

Il est nulle part, le temps. Seulement dans nos yeux nos voyages, dans leurs souvenirs, dans le furtif passage de l’instant. Il est nulle part et d’ailleurs, personne ne le voit. 

Le temps est une voiture qui roule dans nulle part. Sans autre énergie que celle de son écoulement. Un nulle part qui n’est ni immobile ni actif. Un nulle part absent. Un néant lent et long comme un jour sans histoire.

Le temps roule au milieu de nulle part. Voiture ou boule de liane emmêlée d’herbes sèches, ça crisse en passant dans une rue. On marche dans les bords du mois, à la lisière des cruautés. Un néant invraisemblable, qu’on ne peut même pas raconter. Qui vrombit, qui fait mal aux oreilles.

Le temps, dans ses berges absentes. Le ciel témoin d’on ne sait quoi. Un néant lent et long comme un jour sans histoire.