Le sombre portait aux ombres, affaiblissait leur part de lumière, bernait les joies, obscurcissait la moindre rêverie.
Quelque chose semblait s’étaler partout, un pinceau gris qui laissait derrière lui les villes défaites, les couleurs perdues, partout des atomes de lumière éteinte. Un badigeon noir sur toutes les perspectives. Avec la lumière rasante des journées, on voyait les grandes silhouettes, le réel entier projeté au sol, représenté en longueur, et en noir.
J’apprends leur langue. J’apprends la langue des lumières d’ombre.
Malgré ce qui a changé – jambes, épaules, compagnon – je suis de retour au marasme. Nous sommes toujours dans la cinquième ville, dans l’immeuble communautaire. Mais je suis revenue aux origines, aux sources, à la confusion que je connais si bien. À l’intérieur cela n’a pas changé. C’est un retour et c’est un autre endroit. Des rouages plats dans le crâne, une détente dans la chair.