Depuis quelques jours nous sommes dans la cinquième ville. C’est Nora qui nous a convié à rester. Elle et son groupe vivent dans un immeuble où les espaces sont partagés. Il y a des appartements réservés au sommeil, dans les étages supérieurs. Les appartements du bas sont utilisés pour stocker de la nourriture et cuisiner, à l’exception de deux d’entre eux qui sont prévus celles et ceux qui ne peuvent pas monter, qui doivent vivre en bas. Viennent ensuite les appartements réquisitionnés pour l’enseignement, l’éducation des enfants, ceux pour les loisirs et ceux pour les autres travaux. Ainsi, les gens ont moins besoin de sortir. Moins peur de disparaître.
Je suis dans l’une des cuisines, pendant que nous cuisinons j’observe le trafic enthousiaste des fourmis sur le plan de travail. Elles n’ont que faire des tracas humains. Depuis deux jours on essaie de s’en débarrasser mais toujours elles sont là, à s’affairer autour de la moindre quantité. Alors qu’il est si difficile de trouver à manger, pour elles chaque grain de sucre est la même aubaine qu’avant. Ni plus ni moins.
Dans le silence des fourmis, on entend nos pieds nos mains qui vibrent du cri des distances, des allures fiévreuses, du manque de tout, et des durées d’humanité.