Dans la ville en apparence il n’y a personne. Les gens se terrent, courent comme ombres sur les murs, rentrent dans les immeubles comme fourmis pressées dans des trous de sable.
La ville fait vide. Elle est dépeuplée.
Dehors de la ville, là où nous avons rejoint un campement, dans un champ où tiennent encore debout trois arbres morts, il y a un groupe de personnes. Organisés autour de quelques tentes, un feu de camp, un vieux camion qui contient des réserves depuis l’été précédent.
Ils nous ont raconté que c’est après les pluies artificielles que tout a mal tourné. D’abord plus personne n’a pu travailler, une sorte de torpeur lasse avait saisi tous les humains. Avant cela, c’était seulement quelques uns chaque jour, qui ne parvenaient plus à se lever. Mais les autorités ont fait pleuvoir au moins cinq fois de suite sur la ville à la fin de l’été pour en finir avec la chaleur et la sécheresse. “On s’est retrouvé avec une canicule tropicale à laquelle personne ne pouvait s’habituer. Et puis les particules utilisées pour faire pleuvoir… on ne sait pas, une rumeur dit qu’elles auraient été mal testées, mal vérifiées.”
“Ensuite ceux de la ville d’à côté sont venus. Pas pour prêter main forte, mais pour se venger qu’on ait fait tomber l’eau des nuages sur nous, les privant de leurs pluies d’automne. Ils étaient un peu enragés par la chaleur… Ils ont repris en main une partie de la production qui avait été laissée en plan. Mais ils ne l’ont pas fait gratuitement, vous vous en doutez… »