Je m’imprègne de l’idée du départ et de toute ma colère. Je m’imprègne de ma colère, de toute ma colère. L’intérieur de mon crâne me démange. On ne peut pas se gratter l’intérieur du crâne. Tout le dedans de mon crâne me démange, c’est la colère et je ne peux pas y mettre un doigt. Ça démange terriblement. Je me demande ce qui va changer encore. Je suis assise entre moi femme et moi homme, entre la colère et le désarroi, ne pas savoir, et pourtant savoir, subir.
Voir le rouge en face et le feu ; regarder la colère, ses ombres portées.
Je suis dans un endroit de confort, de protection. Je suis protégé je suis protégée je n’ai pas besoin d’avoir peur, je suis objectivement remplie rempli d’anxiété que du dedans. Je suis dans un lieu de confort d’où je peux éprouver la colère pour le dehors. Je suis dans un dedans, j’éprouve la peine du monde. Je vois les carcasses qui tombent, les écorchements, les squelettes calcinés des voitures et des femmes qu’on tue, les espions avec leurs yeux jaloux, les joues pleines de sang des enfants sous les immeubles, l’écroulement général du ciel avec son grand rire bête, les bouches tordues de ceux qui portent les discours, les crânes qui démangent de l’intérieur, le verbe perverti de ceux qui parlent, les vapeurs absurdes de ce qui se termine.