C’était le temps des âges, des macérations de plantes mortes, un truc pour présumer de ses forces, on faisait de longues promenades, marcher aux nuisibles, prendre une petite inspiration et souffler la vapeur de nos bouches, regarder sous la nuit la lueur peureuse d’une Lune presque pleine qui s’appuie sur les champs, humer les herbes hautes, la faible odeur de réglisse des fenouils à longues tiges et couverts d’escargots, museler le ciel pour le faire taire et pouvoir se parler enfin, en deux enfants pris en bêtise, en bravoure d’interdit, se déguiser sous la Lune en renards, en sanglier fouissant dans sa propre humeur, et quant aux peines, le jour venu, les diluer dans un grand verre de ciel bleu, et boire en murmurant, une incantation contemporaine.