61 octobre

Autoportrait au robinet, préparatifs pour la bataille avec le monde. Ma peau fait son office de peau. Elle me tient. Comme un sac elle me tient ensemble dans elle. Malgré les choses qu’on ne sait pas à mon sujet, j’ai une peau qui me tient ensemble.

Je porte le nom de la seule famille à laquelle je n’appartiens pas. La peau qui me tient est une peau écorchée par les tentatives d’avoir voulu être avec, de trop près. Être avec de trop près ça vous fait des écorchures parce que vous croyez pouvoir vous mélanger et puis non ; la solitude est plus définitive qu’on croit. Les blessures cicatrisées ont fait de ma peau un décor assez solide pour me tenir tout dedans. Éloignée des autres. Même quand je me liquide, quand je me croule de l’intérieur. Ça tient, le temps de réparer les effondrements.