47 octobre

On ne sait toujours pas ce qu’il s’est passé avec toi, mais maintenant je sais un peu mieux ce qu’il se passe avec moi. Toi et moi n’est pas très bien séparé. Je suis comme te traversant : quelque chose de moi vit quelque chose de toi, je te suis dans tes jambes : ça, on ne peut pas le dire à mieusette. 

Je vis quelque chose dans toi. Dans ton corps. J’ai adopté un peu de ta matérialité depuis que tes jambes me sont venues et peu à peu je me les reconnais. Je suis dans ta terre et dans ta campagne, je suis dans ta bête, je suis dans ton bassin versant dans tes têtes de fémurs qui s’enchassent dans mes cols. 

On serait montagne ensemble, on ferait le portrait d’une feuille suspendue, ça prendrait un temps infini, une fatigue, et quel sens au fond. On ferait des choses qu’on ne pourrait pas regretter tant elles sont simples, on échouerait sans aucune peine et on saurait pas, après ça, très bien quoi dire.

Mais on le ferait quand même. 

Je le ferais avec toi, je veux dire : si tu étais là de nouveau. 

Toi et moi n’est pas très bien séparé.