58 septembre

Tout ce qu’on peut dire et penser à propos de quelqu’un qui n’est pas là. 

L’absence se fait le vide de l’absence. Nous sommes troués, toujours troués, et autour du trou quelque chose qui n’est pas simple à définir. 

Quand tu étais là, une certitude : nous parlions. Je ne regardais pas beaucoup tes pieds mais nous parlions. Ensevelis de mots, les phrases hésitées ou pendues, nous étions bouchons dans la parole.

Quelque chose faisait que parler devenait un possible, impossible, l’entassement des vocables nous empêchait de bouger les lèvres, les bouches restées fermées derrière les mots pleuraient à bas bruit. Comme un immeuble effondré par un bombardement, personne ne sort, les corps s’épuisent au dedans du silence humide, et dehors le chaos se poursuit lui-même.