Je me réveille. Il reste des traces. Des moments qui reviennent sans crier gare et dont on ne peut toucher la peau.
Je sors dans l’air du dehors, je cherche quelque chose dans la ville. Quand je me souviens, je m’arrête de marcher, je me tiens debout droit dans les sabots du souvenir.
Le ciel de la chambre nous levait tôt. On se lavait, on s’attablait sans hâte, sans gourmandise, seulement se nourrir de ce qu’il restait de la veille. On n’avait déjà plus depuis longtemps de café.
Un homme s’éveille sur son matelas de rue, une voisine lui pose une thermos et une tasse au bord du lit.
Je finissais mes rêves à table, je t’en livrais les dernières gouttes, tu faisais des bruits de gorge qui signifiaient que tu avais bien entendu. Pourtant j’en doutais, à cause des craquements du pain sec quand on le croque.
Depuis le moment des pénuries, les gens se sont remis à donner à ceux de la rue.