L’enfance encore une fois s’en allait. On était adulte, trop définitivement pour tenir. Est-ce qu’on est tenu de se soumettre aux choses qui arrivent ? Je n’ai pas su comment vivre. Les édredons se sont collés à mes épaules, ils sont devenus vivants et m’ont poursuivi comme ma mère, comme ma grand-mère et sa sœur. Toutes grenouilles de bénitier, sautant de tous côtés en s’esclaffant, et pleuvant sur nous leurs liquides, acides et sucrés. Elles me plaquaient au sol, s’abattant sur moi en frigos poisseux, et criaient, si je voulais partir il fallait fuir.
J’ai pris le chemin qui tournait, il s’est perdu dans des dunes obscures à deux pas du village, un vers a surgi, au virage, gros de ma hauteur, visqueux et me lorgnant de ses yeux larmoyants, chassieux, vastes comme des assiettes. J’étais là, je n’en menais pas large, j’appelais mes parents, mes ancêtres, mon foie, et personne ne risquait d’arriver à mon secours. Les grognements de mammifères étaient les plus impressionnants. Ils ne finissaient jamais sur des accords parfaits. Rien n’avait de résolution.