Quand peu à peu les jours calmes me jettent au dehors, je me sens appartenir. Je fais partie de l’époque. Je suis parmi mes contemporains. Je regarde le monde qui se délite un peu : il se tortille dans ses contradictions comme un lombric sur le bitume. C’est l’image de ce moment où l’on commence à voir vers quoi on s’achemine.
Alors ça paraissait soudain comme une urgence. Une longue urgence souterraine, que personne n’avait beaucoup voulu savoir, mais qui était là. Maintenant on tentait des choses sans espoir et sans cohérence. Certains pour dire qu’ils avaient fait quelque chose, d’autres pour se soulager, mieux dormir. Je ne voyais pas le sens, chacun avait l’air de tenter de sauver ce qui pouvait l’être, au pouvoir beaucoup n’étaient pas sincères, ici dans le peuple nombreux étaient ceux qui déjà mourraient à petit feu d’inquiétude, ailleurs et plus loin les gens ne mourraient pas d’inquiétude mais des effets de la catastrophe déjà plus qu’annoncée. L’époque voulait faire front, qui savait contre quoi. Moi j’avais peur, et je voulais partir, mais je n’avais nulle part.