J’ai pris le souvenir dans la boîte et je l’ai refermée. Il gisait là comme un comme quarante enfants chétifs et maltraités. Des enfants qu’on fait grandir dans l’humiliation ordinaire dans le défoulement des adultes. Dans la violence que personne ne dit, juste regarde. Il avait la chair humide, broyée de quarante enfants malheureux quarante enfants brisés.
Il gisait là comme gisent, je ne sais pas les gens qui souffrent trop qui souffrent trop pour même savoir qu’ils souffrent.
Il se battait comme battent les mains sans y penser.
Il ne pleurait pas il était sec même de ses larmes.
Les larmes du souvenir étaient vieilles étaient tombées en cendres au fond de la boîte. Les larmes d’enfant chétif.
Il gisait sec et au fond de la boîte un lit de cendres refroidies, un lit de vieilles larmes.
Le souvenir n’est pas un humain c’est vrai, mais il lui ressemble. Un enfant humain gisant et sec et chétif et sans larmes et la chair un peu broyée, et sec et chétif et sans larmes et la chair broyée, et battant dans la violence comme le drapeau dans le vent vous voyez ? Comme les joues des enfants la peau du drapeau claque dans le vent vous l’entendez ?
J’ai cessé de regarder la mer, et remballé les ombres avec les mauvaises humeurs.