Pour vivre pas de truc, seulement attendre la fin du jour, comme font les araignées.
J’attends au pied d’un arbre et je pense à la femme rousse au tailleur blanc. Je pense à ce que je dirais si elle m’écoutait, à la texture lisse et pleine de son silence. Un silence précieux qui m’accompagne hors de la ville. J’imagine comme elle se tairait, et comme je comblerais l’absence de ses paroles en formulant à haute voix ce que j’imaginerais de ses pensées. Et jusqu’où mes propres paroles me conduiraient à penser une chose, puis une autre, et encore une autre, les pensées s’enchevêtrant, s’imbriquant les unes dans les autres comme un jeu de mikado, une boîte d’allumettes renversée.
J’ai fait un feu. Je sens l’odeur des braises, plus pure que celle de la fumée. Quand je prends le temps de sentir, je peux repérer des quantités d’odeurs. Surtout dans la forêt.
La nuit tombe et je suis des yeux une lueur qui paraît sinuer sur un sentier, de l’autre côté du vallon. Je repars. Je me sens d’humeur à marcher toute la nuit.